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La startup française qui nettoie les océans avec ses robots

À l’occasion de la 3ᵉ Conférence des Nations Unies sur l’Océan, organisée cette année à Nice, les projecteurs ont été braqués sur les solutions technologiques capables de préserver notre patrimoine maritime. Ce rendez-vous mondial, crucial pour l’avenir de l’environnement marin, a réuni gouvernements, scientifiques, ONG et entreprises pour réfléchir ensemble aux enjeux liés à la santé des océans. La France, en tant que puissance maritime, y a réaffirmé son engagement pour une économie bleue durable.

Parmi les acteurs innovants mis en avant, la startup française IADYS s’est particulièrement distinguée. Fondée en 2016 à Roquefort-la-Bédoule, cette entreprise conçoit des solutions robotiques intelligentes pour nettoyer les surfaces d’eau polluées. Le produit phare, le Jellyfishbot, combine robotique, intelligence artificielle et respect de l’environnement. Face à un constat alarmant 8 à 12 millions de tonnes de plastique et 2,3 millions de tonnes d’hydrocarbures déversés chaque année dans les mers – cette technologie offre une réponse concrète et opérationnelle.

🤖 Le Jellyfishbot : un petit robot pour un grand nettoyage

Le Jellyfishbot

Compact, autonome et léger, le Jellyfishbot a été pensé pour intervenir au plus près des sources de pollution : ports, marinas, bases de loisirs, sites industriels. Doté de glissières modulables, il peut être équipé de filets adaptés aux déchets flottants, hydrocarbures, lentilles d’eau ou microplastiques. Sept tailles de filets sont disponibles, y compris des versions réutilisables ou jetables remplies d’absorbants hydrocarbures.

Facile à utiliser, il est maniable par une seule personne et peut être déployé en quelques minutes. Le Jellyfishbot couvre jusqu’à 1 000 m² par heure, avec une autonomie de 17 h en mode autonome. Une simple gaffe suffit pour remplacer le filet rempli, sans sortir le robot de l’eau. L’entretien est minimal : un rinçage à l’eau claire ou l’usage de détergents sans rinçage suffit.

Sa discrétion et son efficacité ont conquis de nombreux sites sensibles. À Monaco, il a remplacé les scooters des mers bruyants, offrant une alternative silencieuse, sans odeur, sûre pour les baigneurs et efficace pour les agents. Aujourd’hui, plus de 200 Jellyfishbots sont déployés dans le monde, du port de Cassis à Santa Barbara, en passant par Tokyo et Dubaï.

🌍 Un marché en croissance face à une urgence planétaire

Chaque année, les chiffres de la pollution marine s’aggravent. Selon le PNUE, 80 % des pollutions marines proviennent de sources terrestres. Les déchets, entraînés par la pluie, le vent ou la négligence, rejoignent les cours d’eau, puis l’océan. Une fois dispersés en mer, leur récupération est quasiment impossible. D’où l’importance d’intervenir à la source, dans les ports, les plans d’eau urbains ou les zones industrielles.

C’est cette vision qu’a concrétisée Nicolas Carlési, fondateur d’IADYS, passionné de mer et titulaire d’un doctorat en robotique. Constatant la pollution à travers ses activités nautiques, il fonde la startup en 2016 et crée le premier Jellyfishbot deux ans plus tard. Aujourd’hui, l’entreprise compte 26 collaborateurs et déploie ses technologies à travers le monde.

La startup a levé 10 millions d’euros en 2024, pour accélérer son industrialisation et ouvrir un bureau à Houston. Ce développement répond à un besoin mondial croissant : les villes, industries et zones touristiques cherchent des solutions efficaces, connectées et autonomes pour protéger leurs milieux aquatiques. IADYS s’adresse ainsi à un vaste marché, allant des stations balnéaires aux grands sites industriels.

✨ Un écosystème technologique en mutation

La dépollution aquatique entre dans une nouvelle ère, portée par la blue tech. Les acteurs du secteur misent sur la robotique, l’IA, la collecte de données environnementales en temps réel. L’objectif : passer d’une approche curative à une logique préventive, intelligente et intégrée.

Le Jellyfishbot s’inscrit pleinement dans cette révolution. Intégré à des réseaux de capteurs, il peut cartographier la pollution, analyser la qualité de l’eau, et anticiper les zones à risque. L’idée n’est plus seulement de nettoyer, mais d’agir en stratégie globale, en lien avec les gestionnaires de sites, les scientifiques et les pouvoirs publics.

Autour d’IADYS, un écosystème dynamique se met en place : drones aériens complémentaires, logiciels open source, solutions mobiles ou stationnaires. Des startups conçoivent des plateformes interconnectées capables de suivre en temps réel l’évolution de la pollution. Le projet Sea-neT d’IADYS regroupe déjà des outils logiciels et robotiques pour une gestion plus fine et plus efficace de l’eau.

Cette approche systémique reflète la maturité du secteur. Elle ouvre la voie à des collaborations internationales et à l’adoption massive de ces technologies dans les politiques publiques de transition écologique.

🌿 Une solution française pour un avenir planétaire

Le message de la Conférence de Nice est clair : le temps n’est plus aux constats, mais à l’action. Et des solutions comme celles d’IADYS montrent que l’alliance entre technologie et engagement environnemental est non seulement possible, mais essentielle. Le Jellyfishbot n’est pas un simple robot : c’est le symbole d’une prise de conscience, d’une mobilité technique au service de la nature.

Au-delà de ses performances techniques, IADYS incarne une philosophie : intervenir à la source, protéger les écosystèmes, sensibiliser les opérateurs, et construire une économie bleue durable. Son succès montre qu’une approche made in France peut rayonner à l’international, en conciliant compétitivité, responsabilité et innovation.

Robot-Magazine.fr continuera à suivre de près ces initiatives inspirantes. Car les robots, au-delà de leurs circuits, peuvent aussi être des héros silencieux de notre transition écologique.

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